J’avais oublié la chaleur qui poisse. Ici la peau s’habille de moiteur, d’humide salé. Le corps s’exténue dans le roulis sans sommeil. La nuit se retourne moite dans les cotonnades blanches. Et les rêves enfin se ponctuent de la stridence animale.
Des matins les nuages étonnent. D’autres s’effilochent dans le vent d’autan.
L’après-midi, la terre exsude son suc dans la fournaise. J’avais oublié les exhalaisons de lavande. Elles brulent la narine en retour de flamme-souvenir.
Les ombres se découpent dans l’or. Le paysage s’écrase sous la morsure du ciel. Et l’herbe cuit.
Les tours des Capitouls se hissent en sémaphore, guident le pas nonchalant dans les rues d’incendie. Les terrasses piétonnières sont envahies de limonade.
J’avais oublié la chaleur des voix toulousaines. De la rocaille chantante. Ça traine sur les voyelles. C’est rose avec les o comme les e. Ici on dispute en vocalises.
L’ail en pompons brode de mauve le chemin de mon vélo. L’avancée dans les clairs obscurs sous les branches comme des bras accueillants. Les platanes s’écorcent en peaux blanches, rudes et craquants tapis à fourmis rouges. Les péniches dans l’eau lourde du canal dorment en flottaison. Plus loin, au bout de la nappe verte, il y a Sète et la mer.
Je suis dans mon pays comme en promenade.
Valérie R.
juillet 2013