un simple

Il est né par hasard, herbe folle de printemps. Glissant entre les cuisses de sa mère. Le bleu du ciel a imprimé ces yeux et noyé l’intérieur de sa tête. Son sourire ressemblait au rictus des chiens. De l’animal, il a appris la démarche agile. Élevé dans les champs de liberté, il se frottait au blond des blés. S’élançait parfois à l’attaque de l’invisible, des dieux ou de rien, il ne savait pas. Glanait dans les branches sa nourriture du jour. Ensuite il avait vécu de rapine, ripaillant à coup de grands rires contre la chair des femmes de circonstance. Sans ambitions particulières il fut sans projet. Il avait vécu comme ça vient, des choses de la vie offertes. D’air frais à plein poumon. De tapis de feuilles sombres croustillant sous ses pas. De soleils gris aux soirs d’automne. Puis les hivers avaient enfilé des perles de neige sur le collier des jours. Sans y penser. L’air de rien. Son visage s’était creusé de rides brunes dont il n’avait pas peur. Il regardait l’existence s’étirait comme des nuages dans le ciel du temps. Sans heurts, il était sans cris. Peu à peu son être s’est courbé vers la terre. Il est mort comme se couche les chiens. Avec docilité. Sans remous intérieur. Bienheureux.

Valérie R.